Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/267

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—259— cieuse philosophie, mais toujours la pléni tude d'un sentiment, l'entièreté d'une pensée ressortent de ces poèmes. Ils sont aussi tout à fait personnels dans la forme, ces rondels, faisant gracieusement voluter les vers sur eux-mêmes pour les ramener à leur point de départ, de façon à former chacun une image complète d'agréable tournure. Non moins originale est l'édition de la tra duction allemande. Le livre n'est qu'auto- graphié. Selon M. Hartleben, c'est la faute des éditeurs allemands, dont aucun n'a osé adopter ce petit livre, mais cette forme exceptionnelle convient à ce livre d'excep tion. » Il n'y a qu'une petite erreur à rectifier dans cet article, c'est la qualité de Français attribuée à M. Giraud, mais l'erreur s'expli que parce que le livre porte l'uniforme du Parnasse français et que l'édition en est signée Lcmerre. M. Georges Eekhoud a fait deux excel lentes conférences, l'une à l'exposition du cercle Alsik kan, sur Peter Benoit.à l'occa sion du jubilé du maître anversois, et l'autre à l'exposition d'Ixelles,sur Charles De Cos- ter. M. Discailles publie des souvenirs sur Rogier où nous trouvons ce détail piquant: « Firmin Rogier, Devaux et l.ignac écri vaient également des articles pour la Ré compense. Chaque article devait être approuvé par tous les rédacteurs, qui con signaient librement leurs impressions dans un cahier ad hoc. M. Discailles nous révèle ce fait intéressant que M"" Rogier y joi gnait les siennes et que, plus d'une fois, par considération pour elle, le comité renonça à l'insertion d'un article qui lui paraissait irréprochable. Un jour Charles Rogier voulut reproduire les vers de Victor Hugo sur le Bal. MIle Rogier écrivit sur le fameux cahier : m Je demande formellement le retranchement des deux strophes du milieu que j'ai marquées. Songez que, parmi nos cinq cents lecteurs, il peut s'en trouver, ne fût-ce qu'un seul, chez qui celte peinture voluptueuse peut faire germer des idéesdangereuses ». Les rédacteurs n'étaient pas de cet avis, mais ils renoncèrent galam ment à l'insertion de la pièce. » Le monde officiel belge n'a guère changé depuis l'époque de la Récompense. Notre collaborateur Louis Delattre publie dans le Scalpel, la revue médicale d'Audcr- ghem, le joli sonnet que voici : LE CATAPLASME Flaccidité, tiédeur, mollesse humide et douce! Cataplasme douillet, topique velouté, Trésor de bonhomie et de sincérité, Tu caresses encor la main qui te repousse. Que tu sois de fécule ou de graine de lin, Que l'opium t'arrose, ou que le chloroforme Apporte dans tes plis l'apaisement énorme. Tu t'appliques toujours, consolant et câlin. La batiste t'abrite en sa trame serrée ; En dépit du tissu, ton cœur médicinal S'imprègne avidement de sanic enhévrée. A travers le rideau du confessionnal, Ainsi le prêtre vient, onctueux et banal. Eponger les aigreurs de notre âme ulccrée ! m De Georges Rodenbach, dans le Journal de Bruxelles, l'inappréciable recette qui suit : « Prenez 5oo gr. de farine, 25o gr. demie de pain rassis réduite en miettes, 25o gr. de gras de bœuf avec 25o gr. de moelle, le tout haché très fin, 5oo gr. de sucre en pou dre fortement vanillé, 25o gr. d'écorce de cédrat coupée en très petits morceaux, 25o grammes de raisins de Malaga, 25o gr. de raisins de Corinthe, 5oo grammes de sultanes, quelques pistaches coupées en trois, 8 œufs frais battus avec une pincée de sel, un verre de vin de Madère et envi ron 5 centilitres de lait. Ajoutez de « l'huile de bras » à volonté, c'est-à-dire remuez la masse jusqu'à ce que tous les ingrédients qui la composent soient parfaitement et uniformément mêlés. Puis versez ce mé lange dans un bol en porcelaine ou en faïence, enveloppez-le dans une serviette herméliquement fermée au moyen d'une ficelle, et plongez le tout dans un chaudron d'eau bouillante. Laissez cuire pendant six heures, en veillant scrupuleusement à ce que l'ébullition ne s'arrête pas un seul instant et à ce que le bol soit toujours cou