Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/269

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L'HONNEUR DE LUTTÉRATH" A Mnie Cornéme Eekhoud. oilà, depuis le premier jour de l'Avent, au moins la septième fois que le sacristain de Geleen, bourgade en Limbourg, remet au four communal le petit pain de seigle dit korsbrood. A force d'avoir été broyé entre les mains spertes du sacristain, ce pain est devenu dur is> ' comme un disque de métal. La veille même de Noël, après une dernière cuisson, le boulanger, tout fier de son œuvre, a dit : « Korsbrood, petit pain de kermesse, à d'autres mains de te pétrir, à présent! » Et le second jour de la Noël, au sortir des vêpres, les grands garçons de Geleen et du pays à la ronde s'assemblent sur le parvis, devant la grille du cimetière, afin de se disputer le korsbrood. Celui-là gagnera la partie, qui s étant emparé du pain de kermesse, parviendra à le brandir, serré dans sa main, au-dessus de sa tête, en s'écriant : « A moi le kors brood ! » Sous prétexte de mollir le dur pain de seigle, des flots de genièvre de grain, de bière houblonneuse et de cidre arroseront la luette du vainqueur et de ses compagnons. Leur cortège (1) Les éléments de la partie documentaire de cette nouvelle ont été empruntés à un épisode du roman flamand, De Bokkenrijders, de M. Ecre visse. 17