Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/282

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—274— LE RÉVEIL DU ROI Qui me réveille de mon rêve, Du rêve d'amour et de sang, Du rêve qui suce la sève De mon sommeil d'adolescent? Le jour est faux ', malgré sa joie; Le soleil ment dans le ciel clair; Et les caresses de la soie Blessent la douceur de ma chair. Ruine de mes mains trop frêles Que flattaient les joyaux épris, Mes belles bagues infidèles Tombent de mes doigts amaigris; Et pour le lever de ma mie, Maint œillet, de pourpre strié, Eclat de ma bouche blêmie Dans mon mouchoir armorié. Ce malin, la vie est méchante : Tout se fane sous mon regard; Les mots sont morts, et rien ne chante Dans les poèmes de Ronsard. Ma forge, où les flammes ailées Semblaient des aras cramoisis, Muette en ses ombres brûlées Pleure ses oiseaux de rubis. A mon poing nul rire d'épées, Nulle fleur d'acier ne fleurit ; Et les dagues que j'ai trempées Perdent leur grâce et leur esprit!