Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/283

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—275— Hélas! mon miroir de Venise Nargue mes gestes éperdus! Le roi Charles neuf agonise... Plus ne m'est rien, rien ne m'est plus ! Et je meurs de mes songeries Pendant qu'à l'appel des clairons Mes soldats rêvent des tueries, Et mes chevaux, des éperons. ALBERT GlRAUD CROQUIS JUDICIAIRES (i) UN VIEUX Tout comprendre, c'est tout pardonner. A M. G. Sciioenfeld. M"" de Staël. S'il vous faut réprimander sévèrement quel qu'un, ayez pour lui, au fond du cœur, de l'amour et de la pitié. Louis de Bi.ois, abbé de Liessies. Un petit vieux vint s'asseoir dans la stalle en chêne, un peu surélevée, que l'architecte avait réservée à l'exhibition des prévenus. L'âge, et plus encore l'émotion, le faisaient tout tremblant. Il avait une bonne et placide figure de grand-père, aux traits ronds disant la simplesse et la probité. Les cheveux blancs, taillés court et plantés dru, contrastaient avec la rou geur de son teint, avec le hàle d'une peau saine longtemps exposée au grand air des besognes rustiques. Sous l'auvent des sourcils forts, en broussaille grise, ses petits yeux s'affolaient, heurtés par le jour cru des hautes fenêtres, et cherchaient avec inquiétude à distinguer, dans les personnages d'ombre silhouettés devant lui sur cette clarté dure, la face, l'aspect, le regard de ceux qui allaient le juger. Il était vêtu de façon modeste et proprette; son sarrau de toile bleue avait les plis raides et les luisants d'un repassage récent. Autour du cou — (1) D'un volume à paraître prochainement : En mon Pays.