Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/292

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—284— conscience et la lucidité? Portez-vous en vous le regard suprême de ceux qui sont partis et ne reviendront plus? L'adieu désespéré, la palpitation dernière, la douleur infinie de l'irrémédiable, le regret pleurant de ce que l'on guette et l'effroi de l'obscur qui vient, connaissez-vous tout ce qu'il y a dans ces regards- là? Avez- vous compris tout le deuil qu'il y avait dans le regard du pauvre petit vieillard ? Jules Destrée SATAN (,) 1 HYMNE A SATAN Tune filii Satanœ cantabunt : Dieu du temps, de l'espace et du nombre, enfanté Dans le mystère par l'éternelle unité, Pour vivre et pour souffrir contre elle révolté; Toi, la double énergie en sa lutte profonde, Flamme exterminatrice et Lumière féconde, Ame de l'Univers, sperme brûlant du monde; Père du mouvement, Maître du devenir. Sombre Seigneur de la douleur et du plaisir, Mourant pour engendrer, engendrant pour mourir; Toi l'antique ennemi, toi l'éclair centrifuge, Multiforme apparence, ubiquité transfuge, Toi le feu du soleil et le flot du déluge, Contempteur, Destructeur, Novateur, triple Roi. Toi notre unique loi, toi notre unique foi, Satan, nous élevons nos cœurs brûlants vers toi! (1) Ces pièces sont extraites d'un livre en préparation sous ce titre : Satan.