Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/30

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22— Ou , — bien que tes lèvres soient pleines de baisers Que ta main prend et lance (ainsi qu'une pauvrette Qui, pour se croire riche, vide à poignées Aux autres mendiants sa sébille d'aumône) ; Ton âme est en détresse, Fille de l'homme. Hors ta petite fièvre Jolie au gré du désir, ton miroir, Que sais-tu de ta grâce? si, même, elle est? La tristesse t'a fait signe, chaque soir, Montrant la vie, aussi, et ce qu'elle valait ; Si bien qu'en tremble un peu ta pauvre lèvre Et que ton long regard s'en est voilé. Assieds-toi là, ma sœur, et pleure : Pleurer est beau par-dessus toutes choses; Il n'est qu'une heure, elle demeure Eternelle en métamorphoses, L'heure de pitié sainte et d'amour surhumain Qui pleure jusqu'à sourire... enfin! (Extrait des Cygnes.) FRANCIS VIELÉ-ORIFFIN. LA CITE MORTE DANS L'OR A Jules Destbék juthée, un bienheureux du moyen-âge, errait dans les plaines du Jourdain par un jour superbe. Il s'était embarqué avec les croisés pour Jérusalem, mais son désir de prière et de solitude, en ces régions sublimes où les fleuves et les lacs faisaient passer sous ses yeux d'extase des galères aux rames mystiques, lui fit abandonner les bannières des ducs occidentaux et les voiles latines aux croix rouges. Il marcha à travers le pays du Nouveau Testament, évitant les villes au-dessus desquelles flottaient les emblèmes des chérifs et se levaient, entre