Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/310

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—3o2— Et le nautonnier chante : « C'est la Fée Espoir, C'est Elle la Fée qui voulut revoir Par un caprice ami son ancien terroir ; Mais serons-nous avant le soir A u pays cher qu'elle voulut revoir ? » Puis son regard revient et s'attarde Aux éphémères gloires que l'hori\on. Sans cesse fuyant, indécis hasarde; Ou, sa voix modulant une neuve chanson Sur un ton de prière énoncée à merveille : « La Belle, dit-il, ah! qu'elle s'éveille! « Hier encor s'avivait l'amour Dans ses yeux maintenant en exil du jour... C'est Elle la Fée qui de ses mains fines Guérit les âmes orphelines Et les pauvres cœurs Qu'affligent les philtres de la rancœur. « La Belle aux colliers de perles quelle s'éveille! Et quelle écoute un moment Les syrinx de l'Eté prédire à l'orient La maturité imminente des treilles! Ah! quelle sourie un peu aux essaims De pourpres roses courtisant ses seins Où sa main fêtée Captive pourquoi ses pensées ? » L'espace torride qui les ravit Répète les paroles dénoncant cette attente Et la campagne déroule silente Ses larges champs épars que peuplent les épis. Elle déroule vers le Nord, inoubliable, En un faste tranquille ses halliers profonds, Ses coins de verdure et ses sentiers de sable Et ses pâtures d'opulents galons. « La Belle aux colliers de per(es qu'elle s'éveille! » Et la Fée, pressentant que le but est prochain, Entrouvre sourieuse sa bouche vermeille;