—3o4— La bruyère! et plus loin — néfaste — une Maison Surgit comme un défi au rêve. Elle s'érige sombre ainsi qu'une trève Eternelle à toute raison. La maison de malheur, telle une despotique Gardienne au vouloir invincible et hanté, Menace au cours paisible du fleuve idyllique. Mais c'est en vue d'elle pourtant Qu'au son d'une plus sémillante pastorale Le trajet de la barque s'est arrêté; Et, laissant à sa chevelure lustrale Les pourpres roses qui s'y nouèrent, La Fée à pas menus descend. « La Belle aux colliers que parèrent Toutes les claires perles du printemps, La Belle a reconquis ses vaillances d'amour ! » Et comme cet hommage monte dans le jour. Comme le nautonnier inspire son hautbois, La jeune fée Espoir va vers sa sœur — la Foi! ALBERT ARNAY (Des Labyrinthes tutélaires.) L'INVASION DES BARBARES WALT WHlTMAN a jeunesse littéraire s'occupe beaucoup du célèbre poète améri cain qui vient de mourir. Walt Whitman est exalté comme l'un des plus grands génies de ce monde et le plus moderne des poètes de ce temps. On le propose comme un modèle. Et, de fait, les yeux de plusieurs jeunes poètes sont fixés sur son œuvre; et comme ils y découvrent de puissantes séductions, ils sont tout prêts à s'abandonner et à subir l'influence nouvelle. Cette influence, je la crois profondément dangereuse pour nos écrivains et pour notre public. Mon devoir est donc de la dénoncer à mes compa triotes, quelque répugnance et quelque tristesse que j'éprouve à combattre
