Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/326

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—3i8— tions. « La moisson des croix, — dit l'épigraphe du roman, — levée sur la terre depuis que le Golgotha a jeté sa semence aux quatres vents du ciel, restera debout plusieurs siècles encore avant d'être toute fauchée; mais, toujours respectueux de ce signe d'une ère, les Justes iront cherchant la nouvelle semence et de plus lumineux symboles. » C'est assez dire que l'œuvre de M. Adrien Remacle se rattache à cet étrange mouvement de renaissance spiritualiste qui se manifeste depuis quelques années dans les jeunes lettres françaises. J'aurai prochainement, à propos du roman de M. Remacle et d'autres productions animées d'un esprit semblable, l'occasion d'exprimer mon avis sur ces tentatives intéressantes. ALBERT GlRAUI) CHRONIQUE ARTISTIQUE Première exposition de l'Association pour l'Art. nvers a eu son salon des XX. En nette opposition avec le goût naturellement régressif de son public et les tendances sage- ments dépendantes de la plupart de ses jeunes peintres, un comité s'est constitué qui se propose de faire un miracle, et qui par conséquent le fera : il s'agit de susciter des curiosités dans ce milieu fermé comme une coterie mondaine de province, dans cette population de manieurs de pinceaux qu'anime d'ordinaire un seul sentiment vif, le senti ment de ses droits acquis à sa propre admiration Permettre à toutes les manifestations de l'art, surtout aux plus récentes et aux plus actuelles, de se produire librement et dignement, malgré l'orgueilleuse indifférence ambiante, tel est le but de l'association constituée par deux peintres anver- sois, MM. Henry Van de Velde et Georges Morren, par M. Max Elskamp, le poète de Dominical, par deux esthètes, MM. Charles Dumercy et Georges Serigiers. En même temps que l'exposition d'œuvres d'art, l'organisation de conférences et d'auditions musicales sont ses modes d'action. La première exposition a eu un appréciable succès qui permet d'augurer favorablement de la vitalité de l'institution nouvelle. Elle était parfaite de cohérence, de bonne tenue, d'élégance simple, d'ordonnance logique. La plupart des œuvres exposées ont été vues récemment aux XX et nous n'avons pas à y revenir. Transcrivons pour mémoire les noms de Seurat, Signac, Lucien Pissarro. Anna Boch, Van Rysselberghe, Finch, Walter Crâne, Van Gogh, Minne, Delaherche, de Toulouse-Lautrec, Chéret. Voici trois paysages de M. Camille Pissarro. Doux et clairs, ils traduisent l'atmosphère avec une irréprochable vérité. L'un d'eux, Hamptoncourt, va même au delà : dans les lignes calmes de ses ombrages, de ses amples con