-3.9- structions cossues, dans la lumineuse sérénité de ses riches gazons, réside l'essence du seigneurial paysage anglais. Le néo-impressionnisme très affiné et très réfléchi de M. Henry Van de Velde s'adapte à une vision limpide et légère, et cherche l'intensité dans la synthèse. L'exposition de M. Georges Morren, un nouveau venu, le montre déjà s'appliquant en même temps à l'étude de la lumière dans des paysages peu rigoureux et à l'observation de la physionomie expressive dans un por trait et dans des dessins où s'affirment les tendances intellectuelles qui se font jour dans la génération montante et qui absorbent tout entier l'art ingénu de M,le Marguerite Hollmann. M. Tqorop se tourne de plus en plus de ce côté : à preuve ses Vieux son geurs crédutes, nouvelle interprétation, encore exaspérée, d'un thème qui lui a déjà servi, et ses Rôdeurs qui relèvent de la même inspiration sym bolique que l'Hétaïre, décorés comme l'Hétaïre d'une rare somptuosité de gemmes et d'émaux. Des compositions ornementales de M. Georges Lemmen, notamment une série d'illustrations pour le prochain Livre d'images de M. Gustave Kahn, se font remarquer par un goût très curieux, par une entente parfaite de l'effet décoratif des lignes et des teintes. Mais les deux plus grandes attractions du Salon étaient une suite nom breuse d'estampes d'Hiroshighé, empruntées pour la plupart à la collection Michotte, et une collection de lavis de Constantin Guys. Pu prestigieux pay sagiste qu'on doit placer au premier rang dans l'école populaire japonaise, d'étonnants ciels nocturnes, des effets de neige, des foules, des attitudes, des lointains de pays, du tour le plus expressif, de l'harmonie la plus délicate. Du bizarre annotateur de la vie moderne qui fut le Forain volontairement obscur du second Empire, de l'Homme des foules, ivre de curiosité, qu'a glorifié Baudelaire, de hardis griffonnages, fermes comme des paraphes, de prestes croquis où l'observation se ramasse en un trait énergique, se condense en une arabesque improvisée. Ernest Verlant
