Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/328

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—32o— MEMENTO La Jeune Belgique publiera prochaine ment des nouvelles de MM. Sully-Huntley Rahlenbeck, Stiernet, etc., et des comptes rendus des récents ouvrages de MM. Le- monnier, Ed. Dubus, T. de Wyzewa, Zola, etc. Plusieurs revues belges se sont émues de certain article paru dans VEvénement, sous la signature de M. Bernard Lazare. Nous ne comprenons rien à leur émotion. C'est assez dire que nous ne défendrons pas l'œuvre de Camille Lemonier contre les attaques de M. Bernard Lazare. Elle se défend d'elle-même et n'a pas besoin d'avo cat. Mais la petite sortie de M. Bernard Lazare mérite, à un point de vue plus géné ral, un bout de réponse. La chronique de l'Evénement trahit, à l'égard des écrivains français de Belgique, une espèce de hargne à laquelle la citation élogieuse de certains noms n'enlève rien de son caractère. Depuis une dizaine d'années, nous sommes habitués à ces accès d'hu meur qui, après l'article de M. Mirbeau sur Maurice Maeterlinck, ne sont pas devenus plus rares. Qu'ils éclatent chez M. Paul Adam ou chez M. Pouvillon, ou chez un autre, il n'importe. Au fond, ils sont très flatteurs pour nous et nous les subissons avec une philosophie qui nous coûte peu. Mais nous saisissons cette occasion d'offrir à M. Bernard Lazare, qui nous donna la pri meur de quelques légendes de son Miroir, l'expression d'une gratitude assurément méritée. w& La Revue indépendante de juin consacre un article aux Fusillés de Malines. Une note de l'éditeur Savine nous annonce, à ce propos, une réédition de l'œuvre complète de Georges Eekhoud. Petit dialogue édifiant entre M. Emile Zola et M. Huret: « — Ma fortune! ma fortune! mais je n'ai pas le sou ! c'est une pure légende que celle de Zola millionnaire ! Comment, vous ne savez pas ça? — Mais... les gros tirages?... — Les gros tirages, les gros tirages... ça fait en moyenne quatre-vingt mille exem plaires vendus par an. Eh bien, compta : j'ai douze sous par exemplaire, ça fait à peine cinquante mille francs. Ajoutez les droits de traduction, les reproductions et j'arrive tout juste dans les bonnes années à gagner cent mille francs par an. A Paris, avec la vie qu'on mène, ça n'est pas la for tune, c'est bien vite dépensé, allez! Savez- vous qu'il faudrait des millions pour avoir aujourd'hui du vrai luxe ! la moindre table moderne vraiment artistique vaut dii mille francs, le reste est à l'avenant. Oui, trois millions, rien que pour les meubles! et je ne parle pas de la construction d'un hôtel construit selon son goût. Moi, ma plus grosse folie de curieux ça été l'achat des primitifs que vous verrez dans mon cabinet de travail, quatre panneaux pour quatre mille francs. On m'a fait une réputation d'homme d'argent, seulement préoccupé de gros tirages et de millions d'exemplaires... Imbé ciles! je tiens à ce que mes romans aient beaucoup d'éditions, c'est évident, j'ambi tionne un public très nombreux, c'est non moins logique. C'est un fait historique inté ressant à connaître que M. Georges Ohnet a eu cent mille lecteurs au XIXe siècle. Pour moi, j'ai toujours eu pour théorie d'agir sur de grandes masses. Eh bien, il me plaît de me rendre compte qu'à l'heure pré sente on a vendu un million deux cent mille exemplaires des Rougon-Macquart. Quant