Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/331

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Il Me ballonne par devant Et par derrière, S'ouvrant a la ritrueur du vaut, Si meurtrière! Et dans son discret firmament Sa blanche voile Voit Phébé briller par moment■. Mais pas d'étoile ! LA CAGE Cette fois, n'est la folie Inspirant l'amour du neuf, L'n halo, un parhélle : I«i grenouille ne fait bieuf. l>onner le bras est un mythe Sans se placer de trois-q'uarts : Il va falloir tout de suite Elargir les boulevards : Avec sa verve acérée Daumier, dans un mot charmant, Dit de la cage terrée Qu'elle attie l'homme - aimant - : Partout la mode étrangère Subit le pouf potentat Et toute femme est légère, Etant un aérostat, Jusqu'au jour où, t-op gonflée. Non point de gaz. mais d'orgueil, La cage s'est atfalée Qu'eternel soit son cercueil! <m M. Van Keymeulen publie dans le Pré curseur d'Anvers un feuilleton sans prix dont voici le début : « Ce n'est pas une rareté, en Belgique, depuis quelques années surtout, que l'appa rition d'un volume de vers... Il est possible, s'ils daignent s'occuper de lui, que certains critiques accusent l'auteur des Evocations de n'être pas assez artiste, comme ils disent, parce qu'il s'est abstenu de quintessencier des rébus en iroquois, et qu'il a dédaigné le pittoresque facileàl'usage des pasticheurs de Barbey d'Aurevilly ou du Flaubert de la Confession de saint Antoine... Ce livre... nous fait un peu l'effet qu'ont dû produire, sur lescontemporains de Henri IV, les Odes de Malherbe, succédant aux tentatives franco-helléniques des poètes delà Pléiade.» Savourons cette apparition qui est une rareté, et le pittoresque facile à la Barbey et à la Flaubert, et la Confession de saint Antoine qui fait pendant, sans doute, aux Tentations de saint Augustin, et M. Lan- doy-Malherbe et les « tentatives » de la Pléiade ! La grande critique est encore plus grande à Anvers que partout ailleurs! Dorénavant, nous lirons attentivement le Précurseur. Il ne faut pas que de pareilles perles soient versées sous les pieds des seuls marchands de grain. Des nouvelles alarmantes ont couru sur la santé de Félicien Rops. Les alarmistes ont eu tort, et ils s'en réjouiront, nous n'en doutons pas. Le maître des Sataniques est convalescent , et songe à compléter son œuvre. Voici ce qu'il a déclaré, à ce propos, aux interviewers de Paris : « Je suis un artiste mal compris. On s'ob stine à ne chercher dans mes dessins que de l'obscène avec une pointe d'art, et, sauf quelques rares connaisseurs, personne ne veut voir la morale saine et puissante qui s'en dégage. J'ai la prétention de faire, avec mon crayon, œuvre de moraliste, et de ren dre le vice abominable et repoussant. Je vais vous en donner la preuve. Il y a prés de dix ans, un éditeur de Bruxelles me chargea de faire une série d'illustrations pour Gamiani, le libertinage poétique attribué à Alfred de Musset; j'y consentis volontiers et de suite me mis à la besogne. Au bout de quelques semaines, j'apportai à Malasis, — c'était lui, — une douzaine de dessins qui le firent frémir : c'était d'une obscénité artistique macabre, terrifiante; des femmes nues jouaient avec des squelettes en des baisers et des attitudes épouvantables. Mon éditeur n'osa pas refuser le .travail mais ne se fit pas d'illusion sur le succès. Gamiani, illustrée par Rops, devint un rossignol au fond de la boutique. Mes projets? J'en ai peu pour le moment ; quand mon œil sera guéri, je continuerai l'œuvre commencée que m'a commandée Dentu. Je suis chargé d'illustrer de douze frontispices importants douze nouvelles de quelques jeunes écrivains de talent : MM. Edmond Haraucourt, Paul Margue- rilte, Geffroy, Darzens, Rosny, Gustave Guiches. Paul Hervieu. Puis, après cette publication qui paraîtra sans doute en automne, je ferai peut-être des dessins pour une nouvelle édition de l'Eloge de la Folie d'Erasme. Et puis, laissez-moi le dire : je suis dans une période de découragement, de tristesse : je cherche une formule d'art nouvelle; je trouve que le nu de nos artistes n'est pas assez moderne, qu'il est trop la reproduc tion de l'antique; je voudrais un nu plus intense, dégageant un frisson inconnu qui doit exister dans le domaine de l'art et que je trouverai. » Félicien Rops letrouvera, nousen sommes sûrs. Mais s'il trouvait en même temps, dans ses opulents cartons , le frontispice qu'il a bien voulu promettre à la Jeune Bel gique à l'époque où la reine Berthe était encore en train defiler, nous ne l'admire