Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/338

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—33o— VERS (,) i Pour y tasser le poids de tes belles lourdeurs, Tes doubles seins frugaux et savoureux qu'arrose Ton sang, tes bras bombés que lustre la peau rose, Ton ventre où les poils roux foisonnent leurs splendeurs, Je tresserai mes vers comme au fond des villages, Assis au seuil de leur maison, les vieux vanniers Mêlent les osiers bruns et blancs de leurs paniers, En dessins nets, pris à l'émail des carrelages. Ils contiendront les ors fermentés de ton corps, Et je les porterai comme des fleurs de fête, En tas massifs et blonds, au soleil, sur ma tête. Orgueilleusement clair, comme il convient aux forts. II Ta grande chair me fait songer aux centauresses Dont Paul Rubens, avec le feu de ses pinceaux, Ameutait d'or les crins au clair, les bras en graisses, Les seins pointés vers les yeux verts des lionceaux. Tu m'es l'heure de chair — alors qu'au crépuscule, Sous tel astre mordant de soir le ciel d'airain, Ta grande voix hélait quelque farouche Hercule Que la nuit égarait dans le brouillard marin ; Et que les sens crispés d'ardeur vers ses caresses Et le ventre toujours béant vers l'inconnu, Tes bras tordaient des cris lascifs vers les adresses Des montres noirs, lécheurs de rut, sur ton corps nu. (1) Tirés d'un volume non publié.