Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/385

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—377— Des anges fraternels m'abritent de leurs ailes Et, penchés sur mes yeux comme sur un beau livre, Attentifs et ravis, s'ingénient à suivre Les doux contes d'amour que disent mes prunelles ; D'autres, rêveurs charmants, comme en des coquillages Pleins du brouillard d'argent d'une étrange musique, Ecoutent au lointain mon âme pacifique Chanter dans le soleil sur de calmes rivages. Et l'a\ur étoilé tremble dans les bocages Où, comme des palmiers peuplés de tourterelles, Des bosquets bruissants de frais feuillages d'ailes Palpitent sur mon front semés de beaux visages. Hosannahl Hosannah! Heureux ceux qu'a conduits Dans ces pays en fleurs l'étoile matinale Vers mon berceau tressé de roses du Bengale, De renoncules d'or, de palmes et de fruits! Je suis le page aimé, le beau prince Charmant De ma propre légende et mon âme s'exhale Dans mes vers où, fixant mon image idéale, Je me suis recréé hors du monde changeant. Immortel désormais par ma seule puissance, Je resplendis d'amour, de joie et de beauté; Par l'idée immuable et pour l'éternité, Vainqueur, j'ai reconquis ma véritable essence. Noël! Noël! Noël! Heureux enfants divins, Vous, vierges dont les yeux font chanter la lumière, Qui vîntes au matin de votre âme première M'apporter les oiseaux, les parfums et les vins! Si vous mave\ offert les roses de vos lèvres, Les coupes de vos mains, les fruits d'or de vos seins, Les saphirs transparents de vos yeux cristallins Plus beaux que les joyaux des plus riches orfèvres,

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