Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/394

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—386— En des allées de mousse tapissées de fleurettes blanches et rouges émaillées, passent en leurs robes blanches et rouges les élus et les anges. Les arbres toujours verts se rejoignent par-dessus les allées et les protègent ; des fruits veloutés pendent aux branches, et dans l'ombre, sous la verdure, de cristal lines sources jaillissent et s'écoulent. D'éblouissants oiseaux volent par les airs, qui semblent sur leurs ailes étendues porter des prières et de saints cantiques; cachés sous les feuilles, de pauvres rossignols bienheureux, tremblants d'amour et de passion, chantent l'extase de toutes les âmes, et se répondent en longues notes énamourées, tandis que des troupeaux de bêtes aux beaux yeux suivent les anges, ou dorment dans les profondeurs des bois célestes. L'éternel azur tout vibrant de clarté resplendit à travers les bran ches des arbres ; de fraîches rivières coulent et murmurent invisibles sous les tapis de mousse diaprée, et les brises qui caressent la figure des anges et gonflent leurs longues robes légères vibrent chargées de douces et mysté rieuses harmonies. Sur la terre, des cloches sonnent, des cloches sonnent comme dans un rêve, et dans les rayons du soleil qui dorent les dalles et montent le long des colonnes du porche de l'église, de nouvelles visions transportent l'âme de la pauvresse. Des arbres de joie, des arbres de soleil et de printemps, des arbres noirs aux pâles feuilles entourant l'éclosion radieuse des fleurs printanières, des arbres d'été tout parés de blanches fleurs, abritent de leur inaltérable séré nité le merveilleux concert des anges. De roses roses, de blanches et rouges roses, décorant des haies bien taillées, entourent d'une ceinture embaumée des gradins de verdure et de mousse. Des anges y sont assis, vêtus de cou leurs claires, de couleurs claires, sereines et gaies, de la couleur de leurs pensées. Ils tiennent en leurs mains des luths et des mandores recourbées, et de leurs doigts harmonieux font vibrer et passer leur âme céleste dans les harpes célestes. Agenouillés devant eux, des anges enfants, les mains repliées sur leur blanche poitrine, chantent de tout leur cœur les éternelles louanges du Seigneur. Blancs et roses parmi les roses, plus beaux et purs que les fleurs elles-mêmes, de tremblantes étoiles claires dans leurs cheveux d'or, ils chantent les anges enfants : « Gloire à Dieu, gloire à Dieu notre Seigneur, qui fait croître les fleurs belles et parfumées, qui dispense la lumière dorée du bienfaisant soleil, et le calme argenté des nuits sereines ; gloire à Dieu qui vit dans le chant des oiseaux, dans le murmure des sources qui s'écoulent et dans le grand silence des forêts profondes ; gloire à Dieu dans le clair azur recouvrant les champs