Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

—388— le disque d'or resplendissant du soleil, ayant derrière lui la lune pâle et toutes les constellations, le Seigneur lui-même, le Père tout-puissant, le Créateur. Des faisceaux de lumière l'auréolent et jaillissent autour de lui. Ses yeux sont deux miroirs limpides où se reflètent et se glorifient les splendeurs et les fêtes immaculées, du paradis; le sourire éternel de ses lèvres répand la suprême béatitude dans l'âme de ceux qui le contemplent et il demeure toujours immobile, perdu dans la contemplation des choses et des êtres qu'il a créés. A ses pieds s'incline, les bras repliés en croix sur la poitrine, dans un geste d'adoration et de soumission éternelle, devant son Fils tout-puissant, l'humble Vierge mère, et tout autour d'eux se range, nimbés de candeur et de pureté, la gloire des saints et des saintes. Et des cloches sonnent, plus harmonieuses et plus belles que toutes celles que la pauvresse a jusqu'alors entendues et qui semblent contenir en elles les voix mêlées du ciel et de la terre. Aux derniers battements des cloches, les lèvres de la pauvresse remuent convulsivement ; des prières s'en échap pent pressées, des remercîments et des actions de grâces et dans un ravisse ment elle reconnaît et voit son âme monter à son tour toute blanche dans la lumière. Etincelante de candeur, elle s'avance, conduite par les âmes élues vers la divine assemblée, et des anges volent à sa rencontre et la saluent en chantant au nom de Notre-Seigneur. « Chère sœur, notre sœur bien-aimée, chantent les anges, bénédiction, gloire et bénédiction sur toi pour toujours. Parmi nous tous qui sommes les serviteurs de Dieu tu es à jamais la bienvenue. La plus pauvre tu as vécu, la plus humble et la plus fidèle des âmes, et c'est pourquoi tu es la préférée du Seigneur et sa grâce t'a touchée et t'a sanctifiée pour toute ta vie éternelle. La paix céleste a fleuri ton cœur et des perpétuelles félicités t'attendent au divin séjour du paradis. Le temps de tes épreuves a cessé et pour chaque tourment que tu as souffert dans ta vie des joies non pareilles te sont réservées au royaume bienheureux du ciel. « L'âpre cortège des souffrances et l'amère infortune t'ont suivie partout pendant le dur chemin de ta vie terrestre : et nous avons pleuré, chère sœur, en te voyant trembler et prier dans le malheur, et nous avons chanté, notre sœur, en te voyant prier et triompher des tourments et des souffrances de la misère, car nous savions que ton cher exemple résigné sauvait des âmes des tortures et des douleurs éternelles. Et tes pieds se posaient allègre ment sur les épines et les ronces et tu marchais sans faiblesse, les yeux fixés seulement sur la divine lumière. Et tant de cantiques se sont envolés