Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/410

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—4o2— que tu voulais savoir? Va-t'en sur l'heure, décampe de suite! — Que le diable t'emporte, que l'enfer t'engloutisse! ALEXANDRE PETOEFI. (Traduction de L. Wallner (i). SOIRS VALÉSIENS LE PRINCE AU VITRAIL Dans l'oratoire où rien ne bouge, Le soir en feu, par le vitrail, Sur le tapis de velours rouge, Dessine un arbre de corail Dont les fruits de flamme, améthystes, Ligures, spinelles, béryls, Mûrissent pour les pensers tristes D'un beau prince aux yeux puérils. Ce beau prince, c'est le roi Charles, Qui porte entre ses fleurs de lys Le sceptre du royaume d'Arles El celui du royaume d'Is, (1) Ne désirant pas me parer des plumes du paon, comme le geai, j'avoue sans ambages que je me suis servi de la traduction allemande de J. Goldschmidt. J'ai pu me convaincre de l'excellence de la dite traduction en la comparant à celle (antérieure) de Kertbény, réputée cependant comme très fidèle, mais celle-ci est laborieuse, dénuée de poésie. Alexandre Petoefi est un versificateur étonnant, maniant toutes les formes de la poésie avec une aisance étonnante, surtout si l'on songe que cet illustre poète hongrois est mort ou (ce qui revient au même), a disparu à jamais à l'âge de 25 ans! Etant donné le temps si court de son activité, son bagage littéraire est prodigieux : Huit cents pièces de vers (poèmes, chants et chansons, etc.), un roman, des nouvelles ; il écrivit aussi pour le théâtre. Ayant pris part à la révolution hongroise de 1848, Petoefi conquit rapidement ses grades militaires, devint major et aide de camp du général révolutionnaire Bêm. On le vit pour la dernière fois durant la grande bataille, près de Schoenbourg, le 31 juillet 1849. Cœur de patriote, âme de poète, Petoefi rappelle Théodore Koerner, le Thyrtée alle mand, mais Koerner n'est qu'un poète de talent, tandis que Petoefi est une nature prime- sautière et géniale.