Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/423

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—4>5— Échantillons pris au hasard : ... La dame de ces lieux Ne veut plus que nous ornions ses yeux. . ... Elle a rompu le pacte doux Qui nous liait à ses genoux... ' ... Nous partons. Nous fuyons. Nous délaissons Ces vains hori\ons... ... Ma pensée, sais-tu pas bien Qu'elle t'appartient Et qu'il n'est rien Qui ne soit tien Et que toujours (ier) je suis ton bien .'. . On le voit, les imaginations de M. Dujardin tiennent le milieu entre les vers d'opéra et les vers de caramel. Ce qu'il y a de plaisant, c'est que c'est au nom de Wagner que M. Dujar din écrit ces rimes économiques. Que Dieu nous garde des sacristains de Bayreuth!

Le Premier Livre pastoral de M. Maurice Du Plessys est aussi le premier livre de l'école romane, fondée récemment par M. Jean Moréas. Ce Premier Livre pastoral porte une nouvelle marque : la silhouette de la déesse Athénè se croisant les jambes, appuyée sur sa lance et sur son bouclier. Minerve, n'étant pas dans l'œuvre, figure sur la couverture du volume. C'est quelque chose. Mais il serait plus logique que Minerve, au lieu de croiser les jambes, se croisât les bras ! Le Premier Livre pastoral est précédé de deux odes de M. Jean Moréas, et d'une ode de M. Raymond de la Tailhède, qui démontrent que M. Maurice Du Plessys a le nez cuirassé contre les plus redoutables encensoirs. Vient ensuite la dédicace que voici : « A Homère, à Pindare, à Méléagre, à Virgile, à Stace, à Naugerius, à Ronsard, à Malherbe, à La Fontaine je dédie, en la personne de Jean Moréas, prince des poètes romans français, ces vers. » Naugerius, qui jouit d'une notoriété plus modeste que les autres loca taires du cerveau de M. Moréas, a intrigué quelques latinistes. Ils ont fini par le découvrir sous les espèces du vénitien Navagero, un humaniste qui charma ses loisirs en rimant des pastiches de Catulle. Qui donc a révélé Naugerius à M. Maurice Du Plessys, M. Maurice Barres, ou M. Anatole France? Le Premier Livre pastoral débute par la Dédicace à Apollodore, — M. Jean Moréas — dont le front juste est bienvenu. Puis se succèdent, en bel ordre, des odes à M. Raymond de la Tailhède, à la statue de M. Jean Moréas, au tombeau de M. Jean Moréas, et ma foi! au tombeau de M. Maurice Du Plessys lui-même. C'est le bréviaire des trois Pasteurs.