Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/425

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A VENDRE AU RABAIS LE VEAU A TROIS TÊTES DE L'ANNÉE PASSÉE En littérature, par le temps qui court, un an, c'est très long ! »* M. Catulle Mendès publie chez Charpentier, en trois volumes ornés chacun d'un portrait caractéristique, ses poésies complètes. Cette publi cation vient à son heure, et ne manquera pas d'alimenter les polémiques littéraires. Comme la plupart des poètes delà pléiade du Parnasse, M. Catulle Mendès est en ce moment très discuté et très contesté. Avant de porter sur son œuvre un jugement définitif, il serait prudent d'attendre que tout ce tumulte fût apaisé. Il me plaît cependant de rappeler l'aveu mélancolique échappé récem ment au critique de la Revue blanche, qui s'écriait en comparant les œuvres des nouveaux poètes à celles de M. Catulle Mendès : « Il faut bien avouer que les écrivains de l'ancienne génération avaient plus de talent que ceux d'aujourd'hui! » J'ai relu ces trois volumes, où le caprice de l'artiste parcourt à tire d'ailes tous les pays de la poésie, avec une étrange curiosité. J'ai salué au passage maint vers célèbre, comme : Tu portes fièrement la honte d'être beau. Et ces autres, si souvent et si traîtreusement cités par les contempteurs du Parnasse : La grande Muse porte un peplum bien sculpté Et le trouble est banni des âmes qu'elle hante. J'avoue une prédilection, qui pourra déconcerter quelques lecteurs, pour le recueil le moins connu de M. Catulle Mendès : Les Soirs moroses. C'est peut-être dans ces poèmes-là qu'il s'est le mieux regardé face à face, c'est derrière ces strophes que gît la clef de cette nature énigmatique, qui attire et qui repousse, et sur laquelle le mot suprême n'a pas encore été dit.

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M. Max Elskamp, dont nous avons signalé l'éclatant début, publie chez Paul Lacomblez, dont la collection s'enrichit de jour en jour, une nouvelle édition de Dominical. Je n'ai rien à retrancher des éloges que j'ai décernés au poète. Bien au contraire : je voudrais les accentuer. Ce petit livre, pour lequel la critique des journaux quotidiens a montré un dédain professionnel, révèle un grand talent déjà mur, et possède une vitalité peu ordinaire. On reparlera souvent