Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/431

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—423— partie pour répondre à des invitations bien tournées. Un retour offensif du « parnassisme » belge fait aujourd'hui de cette feuille le moins recommandable esthétiquement des périodiques du Nord — où tArt Moderne et la Société nouvelle prospèrent. » L'éminent directeur des Entretiens estime pleines de tact et de courtoisie les revues qui lui adressent des invitations bien tour nées : ces sentiments de reconnaissance sont fort louables. Avec une logique qui ne laisse rien à désirer, il juge dénuées de tact et de courtoisie les revues qui ne l'invitent pas ou qui ne l'invitent plus : le roi Salo mon n'a jamais montré plus de jugement. Il nous avait accordé sa recommandation, il nous l'a retirée : il ne nous reste vraiment qu'à nous en passer. Lire dans le Journal de Gand, les très intéressants articles que M. Joseph Desge- nèts consacre aux écrivains belges. Dans le numéro du 15 octobre a paru une étude complète sur M. Georges Eek- houd, et la Flandre libérale a publié des études de M. Lucien De Busscher sur les dernières œuvres de MM. Arnold Goffin, Camille Lemonnier, Jean Del- ville, etc. Plusieurs journaux belges se sont fâchés tout rouge parce que M. Albert Giraud se permet de ne pas admirer la Débâcle. L'un de ces journaux a reçu la lettre que voici : Monsieur, Vous avez bien voulu, dans votre numéro du 14 septembre, citer entre guillemets, à propos de la Débâcle de M. Zola, cinq ou six phrases éparses de ma chronique litté raire de la Jeune Belgique. C'est un procédé de journaliste calabrais! J'ai eu l'audace grande de critiquer la Débâcle, et mon audace vous paraît abomi nable. « Tout de même, dites-vous spiri tuellement, c'est bien malheureux pour M. Zola; mais aussi, pourquoi a-t-il pas sionné la foule, pourquoi son livre soulève- t-il les éloges de la presse et du public? Il aurait dû comprendre que le véritable génie doit rester incompris et se suffire à lui- même. » Et vous ajoutez d'un air fin : « Voyez plutôt M. Albert Giraud. » D'où il résulte que, lorsque la foule et la presse ont parlé, la critique littéraire n'a plus le droit d'exprimer un avis différent du leur, et qu'on ne peut blâmer l'oeuvre de M. Zola si l'on né justifie, pour ses propres livres, d'une notoriété et d'une vente égales à celles du romancier de Médan! A ce compte-là, Monsieur, un seul écri vain aurait le droit de médire de la Débâcle, M. Georges Ohnet, et un seul journal sans doute, le vôtre I D'accord avec le public, il y a dix ans, pour éreinter M. Zola lorsqu'il avait encore le souci de l'art, vous êtes aujourd'hui d'accord avec le public pour exalter le romancier qui décline. La forme la plus haute et la plus désintéressée de la critique, serait-ce donc l'adoration du succès? J'espère, Monsieur, que je devrai, non pas à la loi, mais à votre confraternité, l'in sertion de ces quelques lignes, et vous prie d'agréer l'assurance de ma considération la plus distinguée. Albert Giraud. M. Ernest Renan est mort. C'est un beau joueur de flûte qui dispa raît. Deux autres académiciens ont suivi M. Renan dans la tombe. Ce sont, paraît-il, MM. Marmier et Rousset. Un certain M. Paul Frédéricq, professeur à l'Université de Gand, publie dans l'Athe- narum de Londres un article sur les écri vains de notre pays. Voici le fragment relatif à la Jeune Bel gique : « La quantité d'ouvrages d'imagination produits en langue française durant ces douze derniers mois, a été prodigieuse. Rarement un plus grand nombre de vo lumes a encombre les comptoirs des