Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/433

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Un théâtre lyrique historique l est avéré, n'est-ce pas, que dans les actuelles conditions d'administration du Théâtre de la Monnaie, le rôle artistique que la Belgique avait à prendre, demeure abandonné. Ce n'est qu'un retard peut-être, mais les circons tances favorables qui s'offraient ne s'offriront pas toujours. Il y a quinze ans, l'émigration française avait fait du Théâtre de la Monnaie le théâ tre des refusés ; un peu plus tard, ce théâtre, surmontant les routines, avait accueilli, le premier en pays de langue française, l'œuvre de Wagner. A ces époques, du reste, l'animation régnait. On exécu tait superbement les oratorios de Brahms, Schumann, Mendelssohn, Saint-Saè'ns, et personne ne songeait à trou ver cela « crevant ». On écoutait, on discutait ; ces exécutions étaient des solennités musicales auxquelles on assistait avec respect. Qui ne se souvient de l'émotionnante audition du Requiem de Brahms ? Ces auditions avec celles du Conservatoire entrete naient la culture, élargissaient et approfondissaient les vues. Leur suppression est peut-être une des causes de l'avortement de ce mou vement musical dont les débuts avaient été si spontanés, si généreux. Le mouvement wagnérien, pour peu qu'on puisse encore employer cette 28