Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/47

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-39- Et comme ils savent bien que les heures sont brèves, Que l'espoir du présent se meurt de l'avenir, Ils contemplent, moqueurs, du fond d'un souvenir, Leur frère succomber aux langueurs de ses rêves. FLEUR D'HIVER Dans le beau parc crépusculaire, Sous les bosquets de velours noir Où s'attarde encore le soir En ombres d'or parmi le lierre, O ton si pâle et fin visage Et sa blanche mélancolie, Triste fleur d'hiver trop jolie, Dans la nuit bleue de ce feuillage! Ta chevelure de fiis d'or, Ton col mourant de trop de grâce, Ta main frêle déjà trop lasse Mais tes doux yeux plus las encor! Tes lèvres, ô bouton d'amour! Tes lèvres! nul printemps vermeil De baisers d'or et de soleil Ne les a fait éclore au jour, Et tes seins, boutons plus fragiles, Trésor secret des cœurs Jarouches, Jamais ne fleuriront les bouches ; Roses closes, boutons stériles! Mais ton âme tant simple et belle, Infant des lointaines Norvège! Ton âme d'a\ur et de neige Tant simple et belle où donc est-elle?