Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

—4o— LÉGENDE Dans la blanche forêt d'argent où l'ombre mauve des clairières s'ouvre en nuages de lumières dans un brouillard de diamant, Autour des fontaines gelées, parmi les fougères de givre où le rosier de neige livre aux vains miroirs ses fleurs ourlées, Leurs robes lilas éployées autour de leurs bras en guirlandes, les pâles reines des légendes sur des urnes sont appuyées. Mais nul n'ayant sonné l'éveil dans la blanche forêt de givre, les princesses n'ont pu survivre et sont mortes de leur sommeil. Valère Gille UN RÉVEILLON 'avais accompagné mes parents dans une ferme située au bout du village, où l'on faisait, ce soir-là, le réveillon de Noël. Les invités arrivaient par petits groupes. On les entendait de loin, car il avait gelé, et leurs sabots ainsi que leurs souliers cloutés faisaient un grand vacarme dans les rues silencieuses. Quand ils ouvraient la porte, une bouffée d'air froid pénétrait dans la maison. Les femmes enlevaient leurs capelines et leurs châles, les hommes détachaient leurs écharpes et tous tiraient hors de moufles en laine des mains] rougies. Ils s'asseyaient ensuite autour d'un énorme poêle qui ronflait et au-dessus duquel la fumée des pipes s'amassait en nuage. On nous avait placés, Marie et moi, auprès d'une petite table, dans un coin. Nous avions, devant nous, l'Almanach de Liège et une Bible merveil leusement illustrée. Après avoir longuement contemplé l'astronome coiffé d'un chapeau pointu à rebords constellés d'étoiles, qui regarde le ciel à tra vers une grande lunette, nous avions successivement admiré les naïves gra