Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/90

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—Sa li 7 novembre. — C'est étonnant comme Jules Destrée, dans ce Journal, tripatouille la vérité historique. L'histoire, je n'y crois plus, du moins chez les historiens wallons. Ainsi, Jules Destrée prétend qu'il a été visiter Desombiaux à Bruges, en 1 885 . Or, en 1 885 , Desombiaux était à Charleroi. C'est en 1889 qu'il est parti pour Bruges. On voit bien que Jules Destrée a été naturaliste. « 9 novembre. — De mieux en mieux! Il prétend avoir lu, en 1 885 , les beaux vers de Fernand Severin. Or, en 1 885 , Severin n'avait publié ni le Don d'Enfance, ni le Lys, et un seul poème de lui avait paru dans la Jeune Belgique : Les Etalons. Ces étalons-là n'annonçaient pas un lys ! « 1o novembre. — Encore plus fort! Caïn de Goncourt attribue à son frère Abel des théories sur la reconstitution de l'ancien duché de Bourgogne. Pauvre Georges ! « 12 novembre. — L'histoire du dîner du 3 juin est travestie. Gilkin et moi nous étions arrivés la veille. M. de Goncourt père était absent. La Germinie Lacerteux de la maison m'offre à dîner un œuf à la coque. Mon indignation ramène cette pie-grièche à un sentiment plus juste des égards qu'on doit à un Bruxellois. Mais le lendemain, autre guitare : Jules nous fait poser jusqu'à trois heures pour déjeuner. La Germinie Lacerteux défend l'entrée de la cave. Nous lui donnons l'assaut, — à la cave ! Et après un repas horrible, — l'amphytrion lisant le Journal de Charleroi, — nous allons chez Dourain, et nous nous vengeons en dînant avec autant d'appétit que d'ostentation. Jules est furieux. Nous rentrons à Bruxelles en jurant que nous n'irons plus à Marcinelle en l'absence de M. de Goncourt père, qui est plus civilisé que son fils aîné. L'orage s'apaise quand Georges nous écrit que la Germinie Lacerteux a été congédiée. Notre dignité est sauve. Nous reviendrons. » Etude de jeune fille, la comédie en trois actes de M. Henry Maubel, relève à la fois de la critique dramatique et de la critique littéraire. Il y a peu de pièces d'auteurs belges qui méritent cette fortune-là. On verra plus loin quelle a été l'impression produite par l'œuvre de M Henry Maubel, sur le public du théâtre. Mais la comédie imprimée m'appartient un peu, et j'entends la critiquer comme un livre. Dans YEtude dejeune fille, M. Henry Maubel s'est souvenu, et il a eu raison, de cette délicieuse nouvelle qui s'appelle Miette. « Miette, écrivais- je naguère ,1), est uneétude de jeune fille. C'est l'histoire d'une passionnette, contée au jour le jour, au cœur le cœur, par un conteur malicieux et attendri. Une échappée de pension, cette Miette, un exquis projet de femme, un gamin de l'autre sexe, une enfant gâtée qui s'ignore, une petite âme qui bondit en essayant la vie, une dauphine de la bourgeoisie riche et cultivée, jouant à colin-maillard avec le premier amour de l'amour » C'est cette Miette-là dont M. Henry Maubel a fait l'héroïne de son Etude de jeune fille. Seulement — la remarque a son importance — la Miette du livre est plus âgée, — fi! le vilain mot! — ou plutôt moins jeune que la Miette de la comédie. Dans la nouvelle, Miette n'est plus une pensionnaire. Dansjla (1) Voir la Jeune Belgique d'octobre 189o.