Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/133

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Kerguelen, et j’y arriverai sans doute très peu de temps après vous.

Déjà l’officier breton savait à quoi s’en tenir sur le compte du baron de Luxeuil, nommé second de son vaisseau ; mais il ne pouvait fronder la cour, qui le comblait de grâces en ce moment.

— Toute médaille a son revers, monsieur le comte, dit-il ; mais au large et à mon bord, je serai maître.

Les deux navigateurs se séparèrent en se jurant aide et secours fraternels à l’occasion.

Ce fut avec moins de découragement que Béniowski reprit en toute hâte le chemin de Lorient, où l’attendaient son corps de volontaires et la Marquise de Marbœuf, chargée de le transporter à sa destination.

Aux hourras des aventuriers, la corvette appareilla peu d’heures après, et bien lui en prit, car, dès le lendemain, un courrier fut expédié à Lorient avec des contre-ordres de tous genres ; – mais la Marquise de Marbœuf, poussée par une brise violente du nord-ouest, était déjà au large du cap Finistère, en Galice.

Elle emportait Béniowski et sa fortune.

Elle emportait la comtesse Salomée, son fils Wenceslas et le vénérable père Alexis, Barbe et Vasili, Alexandre de Nilof, le major Vincent du Sanglier, chevalier du Capricorne, son ancien camarade, le capitaine Rolandron de Belair, Flèche-Perçante et Fleur-d’Ébène, Vent-d’Ouest, Jupiter, Jean de Paris, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent, Saur de Dunkerque, et Guy-Mauve Gobe-l’As, jeune tambour plein d’avenir.

Elle emportait trois cents hommes de tous métiers, parmi lesquels se trouvaient un certain nombre d’enrôlés qui avaient fait la campagne de la Douairière. Elle emportait enfin deux chirurgiens et un état-major complet d’officiers polonais, français