Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/137

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Béniowski leur répondit à tous par un seul serment :

— Je jure devant le Dieu créateur d’être l’allié, le frère et l’ami fidèle de Dian Tsérouge et des rohandrians d’Anossi, de Dian Rassamb, Dian Salao, Fatara, de tous les anacandrians de la province d’Imahal, des voadziris et louhavouhits qu’il représente, et de tous les habitants de cette terre où le sang de Ramini est demeuré en honneur.

Béniowski eut soin d’associer toute sa troupe à son serment d’alliance, et s’attacha surtout à faire sentir qu’il venait en hôte, en ami, en protecteur, non en conquérant dans la grande île de Malacassa.

Quand il eut achevé, les indigènes poussèrent des clameurs enthousiastes.

Aussitôt des imprécations y succédèrent. D’un accent inspiré, d’une voix qu’il s’efforçait de rendre menaçante, le vieux lettré de Manambaro prononça des conjurations terribles contre celui des frères du sang qui manquerait à sa foi.

Enfin, avec son couteau sacré, il fit à chacun d’eux une incision au-dessus du creux de l’estomac et imbiba du sang qui coulait huit morceaux de gingembre. – Les quatre indigènes durent avaler les morceaux teints du sang de Ramini, Béniowski ceux que le leur rougissait.

Tout cela était étrangement payen et barbare ; mais Salomée était chrétienne fervente, Flèche-Perçante baptisée et mariée suivant les rites catholiques, Béniowski loin de renier sa foi l’avait affirmée et le chevalier du Capricorne disait à bon droit que le serment du sang était surtout affaire politique.

D’ailleurs, le révérend père Alexis, entouré de lévites et d’enfants de chœur, malgaches ou français et revêtu de ses habits sacerdotaux, sortit de la chapelle dont la cloche sonnait à toute volée, s’avança processionnellement et après une salve d’artillerie, bénit les peuples assemblés au nom de la Trinité