Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/145

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— Colonel, murmura-t-il, je vous jure…

— Je ne vous demande pas d’explications, Monsieur, répartit Béniowski en lui tournant le dos.

Puis, s’adressant au capitaine du Postillon :

— Je laisse cet homme sous votre garde, M. Saunier, et vous prie de me donner un canot pour me conduire à bord du Roland.

Yves de Kerguelen n’avait pas daigné se déranger pour recevoir M. de Ternay, qui fut blessé dans sa dignité de gouverneur, et dit en plein gaillard-d’arrière que l’on contrevenait aux ordonnances en ne lui rendant pas les honneurs dus à son rang.

Les officiers de marine restèrent muets. M. de Luxeuil s’avança fort imprudemment au-devant de M. de Ternay.

Kerguelen, irrité, l’interpella du haut de sa dunette.

— Monsieur le capitaine de frégate Luxeuil, dit-il, vous n’êtes point à votre poste de manœuvre ! Rendez-vous aux arrêts !

— Mais, commandant, j’allais recevoir monsieur le gouverneur…

— Vous me répondez au lieu de m’obéir ! Je ne connais pas de gouverneur ici… Aux arrêts, Monsieur !… Et plus un mot !…

Le chevalier du Capricorne étouffa une de ses innombrables exclamations de dépit :

— Les arrêts le sauvent !… J’attendais la fin de ceci pour régler avec lui un joli petit duel à la Pierrefort.

— Vous ne connaissez pas le gouverneur de l’Île-de-France, monsieur le commandant ! s’écriait à son tour M. de Ternay. Le ministre sera instruit de votre arrogante conduite…

Kerguelen éclata de nouveau. Maître absolu à son bord, il