Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/171

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insalubre. Malgré tous les travaux de dessèchement exécutés par mes noirs, les fièvres, l’an passé, m’enlevèrent vingt hommes ; les trois quarts des soldats étaient sur les cadres ; je fus moi-même aux portes du tombeau. Pour comble de malheurs, au plus fort de l’épidémie, l’exécrable Siloulout tenta un coup de main sur un convoi de mourants qui sortait de Louisbourg et se dirigeait lentement vers un plateau nommé Plaine de la Santé par les insulaires eux-mêmes.

« L’escorte, commandée par Alexandre de Nilof, était peu considérable ; une fausse attaque a lieu ; Alexandre et dix hommes seulement restent près de nous. Siloulout reparaît, enlève mon fils Wenceslas et prend la fuite. La comtesse, n’écoutant que son désespoir maternel, s’élance sur leurs traces ; elle tombe elle-même au pouvoir des agresseurs. J’essaie de me lever, vains efforts, les forces me manquent, je perds entièrement connaissance.

« Un combat héroïque livré par une poignée de soldats à la nombreuse bande de Siloulout eut lieu alors autour de notre convoi de mourants.

« Enfin, Alexandre de Nilof me rendit ma femme, mon fils et la vie, car je n’aurais pas survécu à leur perte.

« Je ne saurais dire assez quel admirable courage déploya le digne frère de votre Aphanasie, Richard. Il fit trembler Siloulout lui-même ; seul contre dix, il fut sublime.

« Cette aventure terrible m’a conduit à créer une troupe de gardes-du-corps composée de Malgaches d’Anossi que m’envoya Du Capricorne par le brig le Postillon. Vent-d’Ouest et Jupiter en sont les sous-officiers ; Alexandre les commande.

« Quand la comtesse est à la Plaine de la Santé ou à l’îlet d’Aiguillon, ils ne la quittent pas ; mais dès qu’elle est près de moi, j’utilise le zèle de ces braves Anossiens en leur faisant faire des explorations très longues.