Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/225

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les indigènes, car M. de Béniowski a seul assez d’autorité morale sur la garnison comme sur les naturels pour maintenir le bon ordre.

— Qu’on envoie sans retard nos officiers de santé à M. de Béniowski, dit le général de Bellecombe. Quant à vous, M. Venturel, en vertu des pouvoirs dont je suis pourvu, je vous confère le grade de major.

— Ah ! combien j’aimerais mieux ma retraite ! pensa le modeste officier.

— C’est à vous, Monsieur, que je destine le commandement.

— Mais le major du Sanglier est mon ancien ! objecta Venturel.

— Il est mourant, dites-vous.

— Il ressuscitera ! reprit l’infortuné capitaine qui maudissait son avancement.

— Monsieur, s’écria le général de Bellecombe, entrez en fonctions d’adjudant ; avant la résurrection que vous craignez, vous aurez succédé à M. de Béniowski lui-même.

— Ah ! général ! vous ne connaissez, je le vois bien, ni le chevalier du Capricorne, ni le baume de Madagascar ! Si le major, mon ancien, veut reprendre l’autorité…

Le général de Bellecombe fit un geste d’humeur et, sans avoir tranché la question, renvoya à terre l’infortuné Venturel qui s’y rendit en murmurant :

— Vingt-neuf ans et un mois de services ! et, au moment d’atteindre ma retraite, me trouver, là, entre un général qui ne décide rien… et un major, plus ancien que moi, toujours décidé à tout !… Ah ! que je voudrais bien me savoir ailleurs !