Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/227

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Dauphin sans brevet du roi, pendant quelques bonnes années ; aujourd’hui j’ai un brevet en règle, j’y tiens, je le garde ! qu’on se le répète !…

Béniowski voulut prendre la parole.

— Pardon, général, continua le chevalier, je n’ai plus que quelques mots à dire à notre pauvre Venturel.

— Camarade, sans nous, vous seriez encore le lieutenant d’un certain Stéphanof à qui je ne ferai pas l’honneur de me battre avec lui ; non ! je le tuerai comme une bête venimeuse. Vous avez passé capitaine, vous voici major… Mais je reste votre ancien…

— Je le reconnais, dit Venturel.

— Après le général, moi !… moi !… moi, Capricorne !

— Oui ! oui ! vive Sanglier ! vive Capricorne !… crièrent non-seulement tous les officiers, mais encore tous les soldats ameutés par Guy-Mauve Gobe-l’As.

En ce moment, la sentinelle jeta le cri d’alarme, car une petite armée de naturels, marchant en colonnes, tambours battants et enseignes déployées, se dirigeait vers le fort.

— Tranquillisez-vous, camarades, dit le chevalier, je sais ce que c’est. Jupiter et Vent-d’Ouest doivent être à leur tête. Avec votre permission, général, je vais les laisser entrer !

Béniowski baissa la tête en signe d’adhésion.

— Je me sens mieux, mordious ! reprit Vincent du Capricorne. Allons, Venturel, vous qui êtes ingambe, faites mettre la garnison sous les armes et recevez nos amis avec les honneurs de la guerre. – Une litière de nabab pour le général !… Soutiens-moi, Flèche-Perçante !… Fleur-d’Ébène, un verre de vieille eau-de-vie de France ; après le baume de Madagascar, c’est ce qu’il y a de mieux au monde !

La troupe annoncée par les sentinelles était composée d’environ douze cents hommes, qui servaient d’escorte aux chefs,