Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/260

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Pendant deux ans, le vicomte de Chaumont crut à un succès. Il avait remué ciel et terre. Le roi Louis XVI s’était enfin intéressé à la question de Madagascar.

Le jeune Wenceslas était alors placé en France dans une excellente institution, où il se faisait remarquer par son intelligence et sa bonne conduite. Le vicomte et Aphanasie allaient le voir souvent et le recevaient pendant les vacances.

Béniowski crut pouvoir sans dangers se fixer sur les bords du Rhin.

« L’Autriche et la Russie vous ont oublié mon cher Maurice, lui écrivait Richard. Les préventions du roi contre vous se dissipent. Le théâtre de la guerre va se transporter dans les Indes, où nous avons pour alliés Haïder-Ali et Tipo-Saïb ; Madagascar redevient une question politique de premier ordre. Patience encore ! patience et courage… »

Mais le temps s’écoulait ; Béniowski désespéré ne pouvait faire parvenir de ses nouvelles aux chefs de Madagascar.

La publication des voyages du capitaine Cook devait ruiner ses dernières espérances.

Le roi Louis XVI s’était si noblement intéressé aux travaux des navigateurs anglais, qu’il ordonna aux commandants de tous ses bâtiments de guerre, non-seulement de laisser passer librement les navires du capitaine Cook, mais encore de leur prodiguer au besoin tous les secours qui pourraient leur être nécessaires. Louis XVI se hâta de lire la relation de leur dernier voyage ; il y trouva une version russe et calomnieuse de l’évasion du Kamchatka de Béniowski et déclara sévèrement qu’il ne voulait plus entendre parler d’un tel aventurier.

Béniowski se rendit conséquemment en Angleterre avec la douleur d’avoir perdu plus de cinq ans en démarches sans résultats.

L’illustre bailli de Suffren était alors dans les mers des Indes ;