Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les attaques féroces des Tobaxares, l’indiscipline et l’ingratitude des enrôlés l’attristaient : – « À Madagascar, pensait-il, autres aventuriers, autres sauvages ! Et Dieu fasse que les Français ne nous y traitent point comme les Portugais sur cette côte inhospitalière. »

Loin de former des vœux pour le plein succès d’une expédition à laquelle il attribuait la mort de sa mère, le fils de Béniowski ne désirait que de voir son père, dégagé de ses serments, reprendre enfin la route de l’Europe pour y terminer ses jours dans une retraite paisible.

Telle était l’espérance d’Aphanasie et du vicomte de Chaumont-Meillant ; tel était l’ardent désir de la jeune Augustine. Au château des Opales, les amis les plus dévoués de Béniowski, tout en approuvant le mobile de sa dernière entreprise, avaient tous dit : « Il est trop tard ! »

Et quelles n’eussent pas été leurs appréhensions, s’ils avaient pu savoir ce qui s’était passé à Madagascar depuis près de neuf ans que le général en était parti avec le titre de roi des rois !


Pendant les dix-huit premiers mois, la ligue pacifique des rois et des chefs malgaches avait religieusement respecté les ordres de Maurice-Auguste Râ-amini. Mais à la même époque, où Capricorne les faisait donner un bal aux soldats du Fort-Dauphin et contraignait Stéphanof à s’enfuir à la nage à bord de la Triomphante, Hiavi, roi de Foule-Pointe, déclara qu’il ne reconnaissait plus le conseil suprême présidé par Rafangour, chef des Sambarives.

— Maurice-Auguste est prisonnier des Français ! disaient les uns. – Guerre aux Français !

— Il ne nous a pas donné de ses nouvelles, il doit être mort : Nommons un autre ampansacabe !

— C’était un imposteur ! ajoutaient quelques chefs secrète-