Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/306

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gascar où plusieurs d’entre eux se fixèrent définitivement. England perdit son commandement et fut relégué par ses gens à l’île Maurice, peu de temps avant l’époque où les Français s’y établirent.

Quelques pirates se réfugièrent à l’Île-Bourbon ; quelques autres, comme England, à Maurice. Il existe, enfin, une tradition d’après laquelle les pirates auraient eu l’une de leurs meilleures aiguades dans une île qui nous paraît être Rodrigues, primitivement nommée par les Portugais San Joâo de Lisboa.

Madagascar ne cessa d’être fréquenté par des forbans de tous pays.

Des aventuriers qui peuvent être confondus avec les précédents, se retirèrent dans toute la partie qui s’étend de Sainte-Marie et de la baie d’Antongil au nord de la Grande-Île. Les Séchelles, situées à près de deux cents lieues dans le nord-est de Madagascar, furent également envahies par les pirates.

Selon toute vraisemblance, ces forbans et ceux de Madagascar furent les mêmes. On les voit menacer de destruction toutes les colonies voisines, intercepter les communications, empêcher les approvisionnements, et commettre des forfaits sans nombre ; il n’est guère admissible que les Français n’aient jamais usé de représailles. Un poste fortifié à Madagascar devait alors être excessivement utile ; sous la protection de ses canons, la traite des bœufs et des vivres pouvait se faire avec beaucoup moins de dangers que dans une baie ouverte et sans défense. Les colons des îles de France et Bourbon eurent donc un trop grand intérêt à reprendre possession du Fort-Dauphin, pour le laisser à la disposition du premier pirate qui voudrait s’y établir.

« Du reste, un document fort curieux, qu’on trouve dans la Description de l’Univers, par Allain Manesson-Mallet, vient confirmer notre opinion, car ce géographe parle du Fort-Dauphin comme étant encore au pouvoir des Français en 1683.

« La figure du fort, – dit-il, – est un carré long de vingt-cinq toises sur vingt de largeur. Des quatre angles, il n’y en a que trois qui soient couverts chacun d’un bastion. Le quatrième se rencontre sur le roc, qui est escarpé ; de sorte que cet angle