Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/307

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est suffisamment défendu par une tour qu’on y a élevée. Le côté qui regarde la mer est aussi en précipice, et soutenu par une plate-forme, où il y a toujours des pièces en batterie. Cette enceinte renferme le logement du gouverneur, flanqué de deux grosses tours bâties de pierre de taille : l’une destinée à servir de prison, l’autre de salle d’armes. »

Cette description serait d’une précision bien étrange si elle n’avait été faite, comme le suppose l’auteur de l’Histoire maritime de France, que pour complaire aux idées de puissance et de domination générale du monarque. On doit supposer, au contraire, que le Fort-Dauphin fut restauré par les Français entre 1672 et 1683 ; car, d’un autre côté, Louis XIV n’avait cessé de considérer Madagascar comme dépendant de sa couronne.

Dans une déclaration du mois de février 1685, portant règlement pour la forme de la compagnie des Indes, il est dit qu’au cas où la compagnie voudrait jouir de la possession de Madagascar, elle serait tenue d’en faire foi et hommage avec redevance. Et l’année suivante, la compagnie ayant fait abandon de cette île, un édit du 4 juin l’annexait en toute propriété et seigneurie au domaine du roi.

Alors la population de Bourbon avait déjà reçu un accroissement notable, par l’arrivée des Français échappés au désastre du Fort-Dauphin et par celle de renforts envoyés de la Métropole. Ses habitants ne pouvaient se passer de communications avec la Grande-Terre, qui fournit le bétail et les vivres, et où l’on faisait nécessairement la traite des esclaves. Il est, par conséquent, vraisemblable que si le Fort-Dauphin cessa d’être un centre militaire et colonial, il fut au moins un comptoir où s’établirent de leur autorité privée et se retranchèrent à leur guise des traitants, trafiquants, et chercheurs d’aventures qui, se rattachant au passé, travaillèrent obscurément pour l’avenir.

De tous les points de la côte méridionale et orientale de Madagascar, le Fort-Dauphin a été jugé le plus sain. L’élévation moyenne de la température permettrait de cultiver dans ses alentours les végétaux d’Europe et ceux des colonies. En