Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/309

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Onze ans plus tard, les Français avaient des postes commerciaux sur tous les points principaux de cette même côte depuis Antongil jusqu’au Fort-Dauphin dont, en 1768, sous le ministère du duc de Praslin, un officier distingué, M. de Maudave, alla, au nom du roi, prendre le commandement.

« Des instructions plus sages et plus prévoyantes que celles qui avaient été données à ses prédécesseurs, – a écrit M. Victor Charlier, – lui prescrivaient de renouer et d’entretenir des relations amicales avec les indigènes, de n’attendre que des moyens de douceur le retour de l’influence perdue, de paraître, en un mot, maintenir un fort sur leur territoire, avec leur assentiment tacite, et plutôt pour satisfaire à la dignité de la France que pour se préparer à l’accomplissement d’un projet hostile. Ce plan était raisonnable ; mais il devait échouer par l’insuffisance des ressources allouées pour son exécution. »

Le comte de Maudave avait obtenu des chefs du pays la cession de neuf ou dix lieues de terrain sur les rives de la Fanshère, mais, – toujours mêmes causes et toujours mêmes effets, – la jalousie permanente des administrateurs de l’Ile-de-France suscitant des embarras, et les subsides indispensables faisant défaut, – le comte de Maudave abandonna le Fort-Dauphin en août 1769.

Ce fort était possession française et reconnu comme tel depuis sa fondation remontant à cent vingt-cinq ans. On l’avait perdu et recouvré ; on l’avait laissé tomber en ruines et restauré ensuite plus ou moins. Qui l’occupait avant le comte de Maudave ? qui le garda, qui s’y campa lorsqu’il l’eut pacifiquement évacué sans que la France eût renoncé à ses droits ?

Fût-ce quelque pauvre diable de bonne volonté qui, trouvant le logis spacieux et commode, en fit son domicile à la faveur du pavillon français ? D’après une tradition au moins bizarre, il en aurait été de même trente ou quarante ans plus tard.

Toujours est-il qu’après une lacune de moins de quatre années, vient se placer ici, chronologiquement, la mémorable tentative du comte de Béniowski, de tous points conforme aux vues de Kerguelen. – Celui-ci, en effet, dans un mémoire sur Madagascar fait ressortir les immenses avantages de la