Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/311

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revint. « Le roi du Nord et une foule d’autres chefs l’accueillirent avec le plus vif enthousiasme, ce qui démontrait qu’une absence de près de dix ans n’avait rien changé à leurs sentiments pour lui[1]. » Est-il rien de plus douloureux que l’inique traitement fait, le 23 mai 1786, à un homme, longtemps très mal jugé, mais que l’histoire apprécie désormais en ces termes : « Le comte Béniowski était très brave, actif, rude travailleur, entreprenant à l’extrême. Aussi juste que ferme, aussi généreux qu’énergique, il savait punir et récompenser à propos. Son caractère était plein de douceur. Affable et bon, disent ses contemporains, il aimait à causer, mais il parlait peu de lui-même et avait l’art d’écouter avec complaisance. Il s’exprimait avec une étonnante facilité en neuf langues différentes. Cet aventurier cosmopolite avait, en un mot, des facultés élevées qu’il devait plus encore à la nature qu’à la brillante éducation qu’il avait reçue[2]. »

Le sage roi Louis XVI, induit en erreur sur le compte de Béniowski, avait trop à cœur les intérêts maritimes et coloniaux de la France pour oublier Madagascar. Aux derniers jours de son règne, alors que les troubles révolutionnaires de la mère-patrie le rendaient impuissant à en faire le bonheur, au commencement de 1792, il envoya dans la grande île africaine, en qualité de commissaire civil, Daniel Lescallier, mandataire excellemment choisi, qui revint en 1796, sans avoir rien pu fonder, entravé qu’il fut par le mouvement révolutionnaire.

Et par la même cause, à la même époque, échouèrent aussi les derniers efforts de la propagande catholique pour la conversion des indigènes.

Ainsi finit le xviiie siècle.


Le xix[[e}} commença moins défavorablement. Conformément aux rapports de Bory de Saint-Vincent au premier consul Bonaparte, on reconnut que « Madagascar seul pouvait donner à la France une position forte dans la mer des Indes ». En conséquence, Tamatave devint le chef-lieu de nos établissements,

  1. Henry D’Escamps. Hist. et Géog. de Madagascar, ch. I, p. 53.
  2. Idem, p. 54.