Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/312

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et en 1804, d’importants travaux d’occupation y furent entrepris, sous l’impulsion du général Decaen, gouverneur de l’Île-de-France, par l’agent général Sylvain Roux. Mais ce que l’on aurait si aisément pu faire en trente ans d’efforts continus, c’est-à-dire depuis la fatale révocation de Béniowski en 1776, était à peine ébauché en 1810, lorsque les Îles-de-France et de Bourbon tombèrent au pouvoir des Anglais. Sylvain Roux dut capituler. Tamatave et Foule-Pointe, hors d’état de résister, arborèrent les couleurs britanniques.

Désastre plus grand s’il est possible, les Anglais s’immiscèrent dans les querelles des indigènes sur lesquels, par l’effet d’une fatale coïncidence, commençait à peser la domination d’une peuplade, à peine connue jusqu’alors et qui allait devenir prépondérante. Les Hovas que Béniowski ne nomme point, bien qu’il paraisse avoir pénétré, en 1785, jusqu’aux plateaux où ils s’étaient fixés, et même y avoir fondé cette Palmyre dont il comptait faire sa capitale, les Hovas que le vieux Flacourt désigne sous le nom de Vohitz-Anghombes (peuples habitants les montagnes de l’Aurore), sont issus des Malais et s’en font gloire. Méprisés par les autres Malgaches, sortes de parias, impurs et abjects dont le contact était une souillure, mais très belliqueux, remuants, actifs, rusés et plus réfléchis que la plupart des autres insulaires, ils venaient d’avoir pour chef Dian Ampouine, homme de caractère, qui les avait soumis à des lois draconniennes dont la conséquence fut d’élever leur niveau intellectuel. Ainsi, sous peine de mort, il défendait l’usage des liqueurs fortes. Après un règne fort long, il était mort à l’âge de soixante-cinq ans, laissant un royaume très étendu à son fils Radama, jeune prince doué de facultés et d’aptitudes d’ordre supérieur. Les Anglais entrèrent immédiatement en rapports avec lui. Ambitieux et brave, il tenait à être en relations avec des Européens pour accroître ses connaissances ; ils lui en offrirent tous les moyens et acquirent de la sorte une influence, infiniment nuisible aux Français qui, agissant sans esprit de suite, avaient eu le grand tort d’abandonner successivement leurs meilleurs pionniers sur la grande île de Madagascar.

La France y a occupé tour à tour Sainte-Luce, Fort-