Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/316

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réduite au silence ; un débarquement fut opéré ; trois cents hommes, dont quatre-vingts Anglais, s’élancèrent bravement sur l’ennemi, abattirent ses drapeaux et se rendirent maîtres de la position ; mais ce court succès eut un résultat désastreux. Les troupes de débarquement n’étaient pas en nombre, elles manquèrent de munitions, durent battre en retraite et perdirent en se retirant une vingtaine d’hommes. Les cadavres de ces malheureux restèrent sur le terrain, et leurs têtes plantées sur des sagaies y demeurèrent, dix années durant, comme un monument de la défaite des Français et des Anglais coalisés par les invincibles guerriers de la reine Ranavalo.

On ne saurait assez déplorer une faute qui s’est trop souvent renouvelée. Avec une présomptueuse témérité, on lance une poignée de braves serviteurs contre des ennemis cent fois plus nombreux, sauvages, barbares, peu redoutables en apparence, mais parmi lesquels se trouvent toujours de misérables transfuges comme ceux qui dirigèrent le retour offensif des Hovas, déjà passablement disciplinés et armés à l’Européenne sous le règne de Radama.

La France fut indignée à la nouvelle des outrages faits à nos concitoyens et de notre échec de Tamatave. Le maintien de nos droits sur Madagascar fut hautement proclamé, mais on tergiversa, l’on faiblit, on temporisa, et survint la révolution de 1848 dont les conséquences furent les mêmes que celles de la révolution de 1830.

Nous abandonnâmes encore à l’oppression des Hovas les indigènes nos alliés, nos protégés et nos auxiliaires, les Bétanimènes, les Betimsaras, les Sakalaves devenus nôtres depuis trente ans, et nombre d’autres peuplades qui comptaient sur notre protection. Les Anglais avaient pactisé avec le gouvernement de Tananarive, et malgré la généreuse initiative, la prudente habileté, la persévérance et le courage de plusieurs de nos concitoyens, MM. Laborde, Lambert, Marius Arnauld, Goudot, les révérends pères Finaz et Webber, tout était encore une fois perdu, lorsque, le 18 août 1861, la reine Ranavalo vint à mourir à l’âge de quatre-vingt et un ans.

Le prince Rakout, son fils, très favorable aux Français qu’il