Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/91

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— Les hommes qui font de grandes choses sont sujets à commettre de grandes fautes, dit-il d’un ton qui attrista Béniowski.

— J’assumerai seul la responsabilité de mon entreprise, reprit le général polonais.

— Que Dieu vous garde, monsieur le comte ! répondit Desroches.

— Monsieur le gouverneur, demanda Béniowski quelques instants après, ne pourriez-vous point, par une commission duement enregistrée, régulariser la position du capitaine Vincent du Capricorne et de sa troupe au Fort-Dauphin ?

— Mes instructions me le défendent ! répondit le gouverneur.

— Au diable donc ! fit le chevalier. Puisque Sa Majesté ne vous autorise pas à donner un commandant à son fort en ruines et abandonné par ses troupes, me voici aventurier de par le roi, au nom du roi, Vive le Roi !… Mordious !… – Et en a parte, le brave soudard se dit : – Le roi, corbleu ! ce sera moi, s’il le faut !… « Vive le Roi ! »

— Pour ma part, capitaine, et dans la mesure de mon pouvoir limité de toutes les façons, je vous seconderai officieusement. M. le comte de Béniowski, de son côté, agira en France auprès du ministre et de la cour pour votre bien particulier et pour l’intérêt général. Je dois désirer, je veux espérer qu’il ne rencontrera pas trop d’obstacles…

Amen ! fit le chevalier. – Ah ! mon cher Fort-Dauphin, que je voudrais donc savoir où tu en es !

Béniowski était devenu le lion de l’Île-de-France ; son nom était dans toutes les bouches, créoles ou marins, français, étrangers, nègres ou mulâtres, tous les habitants, à quelque classe qu’ils appartinssent, ne s’entretenaient que de l’aventureux Polonais.