Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mademoiselle Aphanasie de Nilof, l’héroïne du Kamchatka, miraculeusement retrouvée devant Macao, après avoir été jetée à terre par une trombe, était un de ces personnages de roman que tout le monde voulait voir. – Elle fut accablée d’invitations, de visites, de prévenances fatigantes ; – mais connaissant les desseins de celui qu’elle appelait son père, elle sentit l’importance de lui ménager la bienveillance des habitants. Elle se livra sans réserve à leur cruelle curiosité.

Le Dauphin repartit pour le Bengale ; Béniowski se hâta d’entrer en arrangements avec le capitaine de la Topaze, autre bâtiment de la compagnie, en chargement pour le port de Lorient en Bretagne. Il fut convenu que la Topaze relâcherait au Fort-Dauphin, pendant quelques jours, et sauf ce cas de force majeure, ne s’arrêterait point ailleurs avant l’arrivée en France. Mais elle n’était point encore prête. Aphanasie, brisée de douleur, Béniowski, qu’aucun intérêt suffisant ne retenait désormais à l’île de France, le chevalier du Capricorne qui avait recruté à tout événement un renfort d’aventuriers, et enfin ses soudards, les Sans-Quartier, les Jambe-d’Argent et consorts brûlaient d’impatience, lorsque le lieutenant de vaisseau Yves de Kerguelen mouilla dans le port.

« Son arrivée, dit Béniowski, fut pour moi d’un grand soulagement. Le voyage de ce navigateur qui revenait des terres australes, fournit matière aux entretiens de tous les politiques et de tous les oisifs qui, auparavant, n’étaient occupés que de moi. Je fis sa connaissance et ce qu’il me raconta me parut fort extraordinaire. »

La Topaze appareilla enfin. Le navigateur Kerguelen, le gouverneur, l’éminent ordonnateur Poivre, tous les nombreux hôtes et amis que Béniowski laissait à l’île de France, le saluèrent de leurs vœux.

Au dernier moment Desroches lui dit encore :