Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/139

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.d’honneur à la mémoire trop en décri ) point de mémoire , point de jiigemenr. Ni la parole , ni la connoîfTance des c ho fes , ni le fentiment interne de notre propre exillence , ne peuvent demeurer certainement ea nous fans mémoire. A-t-on oublié qu’on a fu ? Il fembîe qu^on ne fafie que fortir du néant ; on r.e fait point i^voir déjà exilté , & que l’on continuera d’être encore quelque temps. JVepfer parle d’un malade qui avoit perdu les idées même des choies , & n’avoir plus d’exades perceptions : il prenoit le manche pour le dedans de la cuiller. Il en cite un autre qui ne pouvoir jamais finir fa phrafe, parce qu’avant d’avoir fini, il en avoit publié le commencement ; & il donne l’hiftsire d’un troifieme, qui faute de mémoire ne pouvoir plus épeler , ni lire. La Motte fait mention de quelqu’un qui avoit perdu l’ufage de former des fons & : de parler. Dans certaines affedions du cerveau , il n’eft pas rare de voir les malades ignorer la faim & la foif ; Bonnet en cite une foule d’exemples. Enfin un homme qui perdroit toute mémoire, feroit un atome penfant , ii on peut penfer fans elle ; inconnu à lui-même , il ignoreroit ce qui lui arriveroit, & ne s’en ranpelleroit rien. La caufe de la mémoire eft tout-à-fait mécanique , comme elle-même ; elle paroit dépendre de ce que les imprelîions corporelles du cerveau , qui font les traces d’idées qui fe fuivent , font voifines ;