Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/142

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ii6 Traité

moire , ne font pas ordinairement plus fufpeds de jugement, guq les médecins de religion, parce que la moelle du cerveau eil fi pleine d’anciennes ide’es, que les nouvelles ont peine a y trouver Une place diftinéle : j’entends cqs idées’ mères , ft on m.e permet cette expreliion , qui peuvent juger les autres , en les comparant , & en deduifant avec juflefîe une troiilcme idée de la conibinaiibn des deux premières. Mais qui eut plus de jugement , d’efprit & de mémoire , que les deux hommes illullres que je viens de nommer ? Nous pouvons conclure de tout ce qui a été (îit au fujet de la mémoire , que c’eft une faculté de l’ame qui confifle dans les modifications permanentes du mouvement des efprits animaux , excités par les imprelîions àts objets qui ont agi vivement, ou très-fouvent fur les fens : en forte que ces modifications rappelent à l’ame les raf’mcs fenfations avec les mêmes circonflances de lieu , de temps , &c. qui les ont accompagnées , au moment qu’elle les a reçues par les organes qui fentent.

Lorfqu’cn fent qu’on a eu autrefois une idée’ femblable à celle qui palfe aftuellement par la tête , cette fenfation s’appelle donc mémoire : & cette même idée , foit que la volonté y cou fente , foit qu’elle n’y confente pas , fe réveille néceiTairemcnt à l’occafion d’une difpofition dans le cerveau ,