Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/148

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c’cft que ces malades ne croient })oint l’être , & ne veulent point entendre dire qu’ils le font ; de forte que fi un médecin n’a pas plus d’efprit que de gravité , ou de galénique , fes raifonnemens gauches & mal-adroits les irritent & augmentent leur manie. L’ame n’eft livrée qu’à une forte imprelTion dominante , qui feule l’occupe toute entière , comme dans l’amour le plus violent, qui eft une forte de manie. Que fert donc alors de, s’opiniâtrer à parler raifon à un homme qui n’en a plus ? Q^uid vota furcntcm , qidd dclubra jiivant ? Tout le fin, tout le myftere de l’art, eft de tâcher d’exciter dans le cerveau une idée plus forte , qui abolifle l’idée ridicule qui occupe l’ame : car par-là on rétablit le jugement & la raifon, avec l’égale diftribution du fang & des efprits.

XII. Des pajjîons.

Les paflions font des modifications habituelles des efprits animaux , lefquelles fourniiTent prefque continuellement à l’ame des fcnfations agréables ou défagrëables , qui lui infpirent du defir ou de l’averfion pour les objets qui ont fait naître dans le mouvement de ces efprits les modifications