Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/149

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dEl’Ame. 135

accoutumées. Delà nailTent l’amour, la haine, la crainte , l’audace , la pitié , la férocité , la colère , la douceur, tel ou tel penchant à certaines voluptés. Ainii il ell évident que les palTions ne doivent pas fe confondre avec les autres facultés récordatives, telles que la mémoire & l’imagination , dont elles fe dillingucnt par l’impreffion agréable ou défagréable des fenîations de l’ame : au lieu que les autres agens de norre réminifcence ne font conû-’ dérés qu’autant qu’ils rappelent limplement les fenfations , telles qu’on les a reçues , fans avoi égard à la peine , ou au plaiiir qui peut les accompagner.

Telle eft l’afTociation des idées dans ce dernier cas, que les idées externes ne fe repréfentent point telles qu’elles font au dehors , mais jointes avec certains mouvemens qui troublent le fenforium : & dans le premier cas, l’imagination fortement frappée , loin de retenir toutes les notions , admet à peine une feule notion (impie d’une idée complette, ou plutôt ne voit que fon objet fixe interne.

Mais entrons daiis un plus grand détail des paiïions, Lorfque l’ame apperçoit les idées qui lui viennent par les fens , elles produifent par cette même repréfentation de l’objet, àts fentimens de joie ou de trifte{re ;ou elles n’excitent ni les uns ni les autres ; celles-ci fe nomment indiff’érentzs :