Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/161

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DE l’Ame. i^$

» qui eft répandue dans chacune, & : qui caractérife non - feulement chaque efpece d’animal , » mais chaque animal de la même elpece , en ce » que chacun fe meut , & Tent diverfement & à » Ta manière , tandis que tous appétent néccflairement ce qui convient à la confervation de leur » être, & ont une averiion naturelle qui les garantit » sûrement de ce qui pourroit leur nuire »é Il eft facile de juger que l’homme n’eft point ici excepté. Oui , fans doute , c’eit cette forme propre à chaque corps , cette force innée dans chaque élément fibreux , dans chaque fibre vafculeufe , & toujours elîéntiellement différente en foi de ce qu’on nomme éhfticité, puifqiie celle-ci eft détruite ^ que l’autre fublifte encore après la mort même , & fe réveille par la moindre force mouvante ; c’eft cette caufe, dis-je, qui fait que j’ai moins d’agilité qu’une puce , quoique je faute par la même mécanique ; c’eft par elle que , dans un faux-pas , mon corps fe porte auffi prompt qu’un éclair à contrebalancer fa chute , &c. Il eft certain que l’ame & la volonté n’ont aucune part à toutes ces adions du corps , inconnues aux plus grands anatomiftes ; & la preuve en eft , que l’ame ne peut avoir qu’une feule idée diftinde à la fois. Or quel nombre infini de mouvemens divers lui faudroit - il prévoir d’un coupd’œil , choifir , combiner , ordonner avec la plus grande jufteffe ? Qui fait combien il faut de mufcles Tome I, K