Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D E l’A M E. i«5^

mt’û par les feirfations agréables que hii procure ce divin remède ; & fa volonté ell tellement changée, que lame eit forcément décidée à dormir. Comme les bêtes ne joulifent probablement que de ces vulinons j ï n’eft pour elle ni bien, ni mal moral. L’opium afibupit donc l’ame avec le corps : à grande dofe, il rend furieux. Les cantharides intérieurement prifes , font naître la paffion d’amour avec une aptitude à la fatisfaire , qui feuvent coûte bien cher. L’ame d’un homme mordu d’un chien enragé , enrage enfin elle-même. Le pouji , drogue vénimeufe , fort en ufage dans le Mogol , maigrit le corps, rend impuiiïant , & ôic peu-à-peu l’ame raifonnable, pour ne lui fubftituer que l’ame , je ne dis pas fenfitive , mais végétative. Toute l’hiftoire des poifons (i) prouve affez que ce qui a été dit dt ;s philtres amoureux des anciens , n’ell pas fi fabuleux , & que toutes les facultés de l’ame , jufqu’à la confcience, ne font que des dépendances du corps. Il n’y a qu’à trop boire & manger pour fe réduire à la condition àts bétes, Socrate enyvré fe mit à danfer à la vue d’un excellent pantomime (2) , & au lieu d’exemples de (i) V. Mead. de Fenenis.

(2) Lesmouvemens fe communiquent d’un homme