Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fi E I ’ A M E. j^2

plus haut point de perfeaion , où l’efprit humain puiffe atteindre. Il ne s’agit plus que de favoir ce qu’on entend par cette perfcdion. On îa fait con. filler dans la faculté de l’efprit la plus brillante , dans celle qui frappe le plus , & même étonne, pour ainli dire, l’imagination : & en ce fens, dans lequel /’ai employé moi-même le terme de génie , pour me conformer à l’ufage que j’avois defiein de corriger enfuite , nos poètes , nos auteurs fyftematiques, tout, jufqu’à l’abbé Cartaut de la Villatc (i) auroit droit au génie ; & le philofophe qui auroit le plus d’imagination , le P. Mallebranche, , feroit le premier de tous.

Mais fi le génie eft un efprit auflî jufte , que pénétrant ; auffi vrai, qu’étendu^ qui non-feulement évite conftamment l’erreur , comme un pilote habile évite les écucils ; mais fe fervant de la raifon , comme il fe fert de la bouflble ; ne s’écarte jamais de fon but, manie la vérité avec autant de préciiion que de clarté , & enfin embrafle aifénîent, & comme d’un coup d’œil , une multitude d’idées, dont l’enchaînement forme un fyftéme expérimental , aufli lumineux dans fes principes., que jufte dans fes conféquences , adieu les prétentions de nos beaux efprits, & de nos plus célèbres (i) EfTai hiftorique & phil©fophique du goût. L 2