Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/181

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des gens d’efpric ; ce que j attribue à ce petit nombre d’idées qui les abforbent, & bornent l’efpric, au lieu de l’étendre , comme on fe l’imagine. Quand je vois un géomètre qui a de l’efprit , je conclus qu’il en a plus qu’un autre ; fes calculs n’emportent que le fuperflu , & le néceflaire lui refte toujours. Eft-il étonnant que le cercle de nos idées fe refTerre proportionaellement à celui des objets qui nous occupent fans cefTe ? Les géomètres , j’en conviens , manient facilement la vérité ; & ce feroit doublement leur faute, s’ils ne favoienc pas la vraie méthoce de l’expofer , depuis que le célèbre M. Clairaut a donné fes élémens de géométrie ; ( car , bon dieu î avant cet excellent ouvrage , en quel dc(ordre,& quel chaos étoic cette fciencc ! ) Mais faites-les fortir de leur petite fphere ; qu’ils ne parlent ni de phyfique , ni d’aftronomie , qu’ils paifent a de plus grands objets , qui n’ayent aucun rapport avec ceux qui dépendent des mathématiques , par exemple , à la métaphy- (ique , à la morale , à la phyfiologie , à la littérature : fem.blables à ces cnfans qui croyoient toucher le ciel au bout de la plaine , ils trouveront le monde des idées bien grand. Que de problêmes, & de problêmes très-compofés & très-difficiles.î Quelle foule d’idées ( fans compter la peine que les géomètres ne fe donnent pas ordinairement d’être lettrés (Se érudits ) & de connoiffances divec-