Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/183

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idées innées ; il ne voit dans les corps qu’une force divine. Il montre fon peu de jugement , foit en refufant le fentiment aux bêtes ; foit en formant un doute impraticable , inutile , puérile $ foit en adoptant le faux , comme le vrai ; en ne •s’accordant pas fouvent avec lui-même ; en s écartant de fa propre méthode en s’élevant par la "vigueur déréglée de fes efprirs , pour tomber d’autant plus , & n^n retirer que l’honneur de donner, comme le téméraire Icare, un nom immortel aux mers dans lefquelles il s’ell : noyé. Je veux , & je l’ai infmué moi-même , que le» égaremens mêmes de Defcartes foient ceux d’un grand-homme ; je veux que fans lui nous R’eufiions point eu les Huyghens , les Eoyies , les Mariotte , hs Newton, les Muifchenbroeck, les Sgravefande, les Boerhaave , &c. qui ont enrichi la phylique d’une prodigieufe multitude d’expériences, & qu’ea ce fcns il foit fort permis aux imaginations vives de fe donner carrière. Mais, n’en déplaife à M. Privât de Molière , grand partifan des fyftêmes , en particulier de l’hypothefe Cartélienne , qu’eft-ce que cela prouve en faveur des conjedures frivoles de Defcartes ? Il a beau dire , des fyftêmes gratuits ne feront jamais que des châteaux en l’air , fans utilité comme fans fondement. Que dirons-nous de cet enfant de l’imagination, "de cet ingrat, qui déclamant coatr’elle , peut bien L 4.