Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome premier, 1796.djvu/184

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i68 Traité 1

paffer pour battre fa mère, ou fa propre nourrice } ^ Il a été plus habile à édifier, que Bayle ne Tétoit à détruire ; mais ce favant homme avoir le plus fouvent l’cfprit jufte & prompt à éviter l’erreur : & Mallebranche n’a montré qu’un efprit faux, incapable de faiiir la vérité ; l’imagination qui le domine , ne lui permet pas de parler des pallions , fans en montrer , ni d’expofer les erreurs desfens, fans les exagérer. J’admire la magnificence de fon ouvrage , il forme une chaine nulle part interrompue ; mais l’erreur , l’illufion , les rêves , les vertiges , le délire , en font les matériaux , & comme les guides qui le mènent à l’imm-ortalité. vSon palais rcfTemble à celui des fées , leurs mains ont apprêté les mets qu’il nous fert. Quon a bien raifon de dire qu’il n’a recherché la vérité que dans le titre de fon livre ! Il ne montre pas plus de fagacité à la découvrir , que d’adrefle à la faire connoître aux autres. Elclave des préjugés , il adopte tout ; dupe d’un phantôme , ou d’une apparition , il réalife les chimères qui lui pailent par la tête. Les préjugés ont juilement été comparés à ces faux amis qu’il faut abandonner , dès qu’on en a reconnu la perfidie. Eh ! qui la doit reconnoitre , qui doit s’en garantir li ce n’eft un philo fophe ?

Ce n’eft pas tout : non-feulement il voit tout çn dicu , excepté fçs extravagances & : ks folies j